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vendredi 30 août 2013

François Hollande rappelle son équipe à l'ordre

François Hollande rappelle son équipe à l'ordre




PARIS (Reuters) - François Hollande a renouvelé vendredi ses avertissements à l'adresse des ministres responsables des dissonances qui ont perturbé la rentrée politique, laissant entendre, dans un entretien au Monde, que leur présence au gouvernement n'était pas immuable.
Les dernières semaines ont été marquées par plusieurs sorties jugées intempestives de certains ministres, comme la contribution climat évoquée par le ministre de l'Ecologie, Philippe Martin, ou l'affrontement par presse interposée entre Christiane Taubira et Manuel Valls sur la réforme pénale.
Dans un courrier adressé au président de la République et révélé mi-août par Le Monde, le ministre de l'Intérieur faisait état de vifs désaccords avec la ministre de la Justice au sujet de la réforme, forçant le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à s'interposer entre les deux.
"Ce qui ne peut pas être admis, c'est que les arguments des uns et des autres se retrouvent dans la presse, même si c'est dans Le Monde", déclare au journal le chef de l'Etat. "Il s'agit là d'une règle éthique autant que politique. Rien ne doit mettre à mal la solidarité gouvernementale", poursuit-il.
Interrogé sur le bien-fondé d'un remaniement ministériel, François Hollande donne une réponse sibylline qui sonne comme un avertissement.
"Chacun doit penser que rien n'est figé et que rien n'est immuable", dit-il, ajoutant que son équipe doit se mobiliser afin de réussir d'ici à la fin de l'année la réforme des retraites et d'inverser la courbe du chômage.
"UNITÉ ET COHÉSION"
Selon son entourage, François Hollande a voulu procéder à un rappel des règles qui s'imposent à chaque ministre.
"Il a rappelé ses exigences en terme d'efficacité", juge un de ses proches qui insiste sur le fait que le président demande "unité et cohésion" à son équipe.
François Hollande avait déjà lancé en mai une première salve d'avertissements, dans un entretien à Paris Match où il avait prévenu qu'aucun de ses ministres ne disposait d'une immunité le mettant à l'abri d'un éventuel remaniement.
Des ministres n'hésitaient pas alors à faire entendre leur propre musique, comme celui du Redressement Productif, Arnaud Montebourg, qui avait mis en garde contre l'austérité, ou celui des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui avait implicitement critiqué Pierre Moscovici en disant qu'il fallait "un patron à Bercy".
François Hollande est passé de l'avertissement à la sanction en juillet en limogeant la ministre de l'Ecologie Delphine Batho, qui avait dénoncé la baisse des crédits alloués à son ministère et évoqué "un mauvais budget" 2014.
Le message présidentiel a paru être entendu par le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, qui a participé en compagnie de Christiane Taubira à une réunion d'arbitrages qui a fixé, en présence de Jean-Marc Ayrault, les grands principes de la réforme pénale.
Cette dernière comportera bien la création des peines de probation que Christiane Taubira appelait de ses voeux, donnant ainsi raison à la ministre de la Justice contre Manuel Valls.
"PAUSE FISCALE"
S'adressant à la presse lors de son court trajet du ministère de l'Intérieur à l'Elysée, Manuel Valls a voulu jouer vendredi les bons élèves de l'unité gouvernementale et a nié toute tension avec sa collègue.
"Ce n'est pas un problème entre Christiane Taubira et moi, nous travaillons tous les deux sous l'autorité du président et du Premier ministre", a-t-il dit, refusant l'idée qu'un ministre puisse sortir "gagnant" de cette réunion.
"On ne gagne pas (individuellement), ce qui compte c'est qu'on gagne pour les Français", a dit le ministre, critiqué par une partie de la majorité pour des prises de position jugées trop à droite.
Manuel Valls avait essuyé une volée de bois vert en évoquant une réflexion sur le regroupement familial lors du séminaire de rentrée consacré à la France en 2025.
Sans le désavouer totalement, François Hollande a quelque peu remis à sa place son ministre dans son entretien au Monde.
"Il n'y a pas de raison de modifier le dispositif", dit-il, concédant néanmoins qu'un débat sur l'avenir de la politique migratoire française était "légitime".
François Hollande profite en outre de son entretien au Monde pour valider l'analyse de Pierre Moscovici sur le supposé "ras-le-bol" fiscal des Français.
"Le temps est venu de faire - plus tôt qu'il n'avait été prévu - une pause fiscale", dit-il, expliquant que cette analyse l'avait dissuadé d'utiliser le levier de la CSG pour financer la réforme des retraites.
Julien Ponthus, édité par Patrick Vignal


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