POLITIQUE - Moins de 24 heures après les affrontements qui ont fait une dizaine de blessés aux pieds du portique écotaxe de Pont-de-Buis, dans le Finistère, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a assuré dimanche avoir "parfaitement entendu" et "parfaitement compris" le message exprimé par les manifestants.
Sur France 5, le ministre a affirmé qu'il remettrait des propositions au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, lundi, comportant notamment des mesures pour l'agriculture et pour l'agroalimentaire:
"Je ferai des propositions qui tiennent compte de ce que j'ai entendu et en même temps de ce que je sais être la situation en Bretagne et ailleurs", a-t-il détaillé. Interrogé sur la possibilité d'augmenter la détaxe de 50% accordée à la Bretagne, Le Foll a estimé qu'il s'agissait d'"une bonne piste de réflexion".
L'opposition se range du côté des agriculteurs
Interrogé par Le Figaro, Jean François Copé a déclaré: "aujourd'hui, l'écotaxe est vécue comme l'impôt de trop, lancé au mauvais moment. D'autant que personne ne nous garantit que son produit servira au financement d'infrastructures plutôt qu'à de nouvelles embauches dans l'administration. C'est pourquoi je demande le report sine die de son application".
L'ancien Premier ministre UMP Alain Juppé a estimé pour sa part que le "report" de l'écotaxe dans l'ensemble du pays était "la seule mesure pour calmer le jeu". Il faut "se donner le temps d'y réfléchir à nouveau et de la rendre acceptable car dans son principe elle va dans la bonne direction" a dit l'ex-ministre de l'Ecologie, invité du "Grand jury" RTL/LCI/LeFigaro.
L'ex-ministre UMP Xavier Bertrand a de son côté appelé à "suspendre" l'entrée en vigueur de l'écotaxe "partout" en France, estimant sur "BFM Politique" RMC-Le Pointque son application était en l'état "impensable".
"Je comprends leur colère et je comprends qu'ils manifestent", a par ailleurs commenté sur France 3 Marine Le Pen. La présidente du Front national a même été jusqu'à changer sa photo de profil sur Twitter et inviter les internautes à faire de même, reprenant l'image du bonnet rouge, symbole de la révolution antifiscale en Bretagne sous l'Ancien Régime
Nouveau rendez-vous samedi 2 novembre
La grogne des Bretons contre l'écotaxe est montée d'un cran lors d'une manifestation à la violence sans précédent, samedi dans le Finistère, et les opposants se sont donné rendez-vous samedi 2 novembre à Quimper pour un rassemblement qui s'annonce comme le point culminant de la mobilisation.
Lors des affrontements du 26 octobre, un manifestant a été grièvement blessé et deux autres légèrement, et côté gendarmes on dénombre six blessés légers. C'est la première fois que ces manifestations contre l'écotaxe, qui durent depuis plusieurs mois en Bretagne, atteignent un tel niveau de violence. Dans les rangs des manifestants, on ne parlait même plus de manifestation mais de "révolte".
En Bretagne, depuis début août, trois portiques ont déjà été rendus inopérants, dont un abattu. Mais l'écotaxe cristallise aujourd'hui toute la grogne des Bretons qui voient l'agriculture et l'agroalimentaire, piliers de leur économie, s'effondrer, et les plans sociaux se multiplier comme chez le volailler Doux ou plus récemment chez Gad SAS où plus de 800 emplois ont été détruits.
Une mise en application toujours prévu au 1er janvier
Les élus bretons, même socialistes, ne sont pas en reste pour demander au gouvernement de revoir sa copie sur l'écotaxe, ou tout bonnement son annulation. Le député PS du Finistère, Jean-Jacques Urvoas, a réitéré dimanche sur I>TELE la demande d'"ajournement" de l'écotaxe pour cette région que réclament "l'ensemble des députés de Bretagne et les collectivités bretonnes à majorité socialiste".
Si le gouvernement a promis de possibles ajustements d'ici la mise en service de l'écotaxe poids lourds, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier, et un rabais de 50% pour la Bretagne, il refuse cependant de céder sur sa date de mise en application.
"Elle est prévue pour le 1er janvier", a ainsi réaffirmé dimanche sur Europe 1 le ministre de l'Économie et des Finances, Pierre Moscovici, tout en ajoutant: "Nous entendons qu'il y a des crispations, voire des colères, des inquiétudes. C'est la raison pour laquelle nous avons fait des adaptations".
Le président de la FNSEA (majoritaire), Xavier Beulin, a cependant renouvelé dimanche sa demande de voir l'écotaxe sur les poids lourds ajournée pour deux ans, le temps que la situation de l'agro-alimentaire s'améliore.
Selon lui, "2014 ne va pas être une année de retour à la croissance et d'inversion significative en matière d'emploi, malheureusement, dans la plupart des filières de l'agro-alimentaire, on n'est pas prêts de retrouver le chemin de la croissance".
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