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mercredi 30 octobre 2013

La leçon de Detroit , L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES par Daniel Gluckstein, Secrétaire national du POI.

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La leçon de Detroit

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L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
On lit dans une dépêche AFP (23 octobre) : « Un tribunal fédéral américain a commencé à étudier mercredi la demande de la ville de Detroit, l’ancien fleuron de l’industrie automobile, de se placer sous la protection de la loi sur les faillites (…), un statut qui pourra lui permettre de renégocier sa dette abyssale de plus de 18 milliards de dollars (…), voire d’en annuler un certain pourcentage. » La dépêche précise que, de ce fait, les 9 milliards de dollars que la ville doit aux fonds de pension qui garantissent les retraites des anciens employés municipaux sont menacés d’être engloutis dans cette procédure.
Detroit en faillite, après avoir vu supprimer des dizaines de milliers d’emplois dans l’automobile à Ford, Chrysler, General Motors, pourrait donc demain réduire à néant les retraites de milliers et dizaines de milliers d’employés municipaux ? (1)
Le Monde (26 octobre) précise : « La ville de Detroit peut faire faillite. Ses trois parrains se portent, eux, à merveille. General Motors, Chrysler et Ford, surnommés les “Big Three”, ont fait la fortune de la cité du Michigan avant de précipiter sa ruine. Ford, qui vaut de nouveau plus de 70 milliards de dollars (51 milliards d’euros) en Bourse, a ainsi quasiment retrouvé ses plus hauts niveaux historiques. »
La faillite de Detroit fait la fortune de Ford, la fortune de Ford fait la faillite de Detroit ? Voilà le résultat de l’accord, signé en 2009, entre les patrons de Ford, Chrysler, General Motors, arguant d’une faillite imminente et le syndicat de l’automobile UAW. Accord par lequel le syndicat acceptait des réductions de salaires pouvant aller jusqu’à 50 %, la remise en cause des conditions de travail, la fermeture de 17 usines, la destruction de plus de 20 000 emplois, le pillage des fonds de retraites pour financer la « restructuration » et l’interdiction des grèves…
Accord intégralement mis en œuvre (et même au-delà : au total, il y eut 40 000 suppressions d’emplois). Cinq ans plus tard, les actions de Ford sont sauvées, les actionnaires respirent. Mais des milliers d’ouvriers licenciés sont à la rue, et un ouvrier qui débute ne gagne même plus de quoi vivre, même très modestement. Et maintenant, ce sont les employés municipaux à la retraite qui risquent demain d’être jetés à la rue.
Coïncidence ? Le même numéro du Monde titre sur « l’adieu à l’usine PSA d’Aulnay » d’où est sortie, le 25 octobre, la dernière Citroën C3 avant la fermeture définitive de l’usine en 2014, dans le cadre d’un plan de 11 000 suppressions d’emplois en deux ans ! Au même moment, on apprenait la signature, entre la direction de PSA et quatre organisations syndicales, d’un accord d’entreprise concernant les cinq usines restant en France, accord sur lequel nous aurons l’occasion de revenir.
Les événements de Detroit appellent réflexion pour tous les travailleurs et militants. Une organisation ouvrière peut-elle, au nom de la défense de l’emploi, non seulement renoncer à tout ce qui a été conquis mais, pire encore, coorganiser les suppressions d’emplois, la baisse des salaires et la déréglementation des droits ouvriers (y compris des droits syndicaux) ? Cela, éventuellement, peut sauver les profits de l’entreprise. Mais la classe ouvrière ? Jamais.
(1) Au passage, on appréciera ici les « mérites » des retraites par capitalisation que beaucoup voudraient introduire en France, et qui peuvent, du jour au lendemain, partir en fumée !

                                                    

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