Je ne regarde pratiquement pas la télévision mais il se trouve qu'hier soir le meuble le plus encombrant de la maison fonctionnait et que j'ai eu l'œil attiré par un sujet d'Envoyé Spécial consacré à Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko Morizot, en lutte pour conquérir Paris. Un sujet vraiment très bien fichu, de Vincent Nguyen -qui n'est pas journaliste politique-, un sujet "en immersion", comme on dit, au plus près des deux candidates.
Inévitablement, et depuis longtemps, dans ce genre de sujet on a droit à une partie privée parce que les journalistes finissent toujours par convaincre les entourages que c'est bon pour l'image d'en "donner", d'en "montrer" un peu. Quand ce ne sont pas les entourages, voire les politiques eux-mêmes, qui encouragent les journalistes à pousser des portes qu'ils n'auraient pas forcément pensé à entrouvrir.
D'où, hier soir, des images hyper-personnelles de NKM (et de madame sa belle-mère) avec ses deux petits garçons (mineurs et non floutés), chez elle, les accompagnant jusqu'à la grille de l'école ou mangeant avec eux (des frites me semble-t-il) au restaurant. Et NKM -qu'on connut très soucieuse, légitimement, de sa vie privée- d'expliquer, en substance, face caméra, qu'elle a changé d'avis sur le sujet. Alors qu'elle était contre les images de ses enfants, elle dit s'être rendue compte que ses enfants ne comprenaient pas qu'elle se batte pour les cacher, qu'ils ne l'appréciaient pas. D'où son évolution personnelle sur la question.
On ne vit pas l'enfant qu'Anne Hidalgo a eu avec Jean-Marc Germain (député PS); la candidate expliquant qu'"être enfant d'une personnalité politique, ce n'est pas simple". C'est le moins que l'on puisse dire.
Côté mari, en revanche, la donne était inversée.
On découvrait bien l'époux de madame Hidalgo qui parlait de sa femme (à la piscine, mais pas en maillot, rassurez-vous), tandis que Vincent Nguyen expliquait que le mari de NKM ne souhaitait pas, lui, apparaître à l'image.
Des géométries variables, donc pour des images relevant toutes du privé et donc pas anodines du tout. Je continue, au passage, à répéter que montrer son conjoint n'est pas nécessaire, puisqu'on élit une femme ou un homme, pas un couple et qu'on s'expose donc, en retour, à toutes les "investigations". L'histoire récente l'a montré, me semble-t-il...
Quant aux enfants mineurs de NKM, ils nous conduisent dans une zone risquée de lapeopolitique (ils sont généralement floutés et donc non identifiables dans les magazines).
Alors bien évidemment, rien de neuf. Nous avons vu des enfants de politiques français (femme et homme) depuis bien longtemps.
Ségolène Royal et François Hollande le firent, dès la maternité. Nicolas Sarkozy le fit ("Bonne chance mon papa"). Et tant d'autres, moins importants, qui espéraient sans douter progresser dans les enquêtes d'opinion ou plaire à leurs électeurs, grâce aux sourires de leurs marmots.
NKM n'est donc nullement la première à médiatiser ses enfants mineurs. Il n'empêche qu'on doit pouvoir faire de la politique, en 2014, sans "donner" tant de soi et des siens. Sans utiliser l'image de mômes mineurs, sans les exposer, sans lâcher leurs prénoms, sans laisser filmer la grille de leur école, et tout cela dans des dizaines de millions de foyers et d'écrans.
Les enfants mineurs devraient rester, d'un commun accord entre les politiques, les médias, et pourquoi pas le CSA (qui servirait, pour une fois à quelque chose) dans l'anonymat le plus total.
Il s'agirait là d'une zone protégée, sacrée même, au delà de laquelle nul ne peut aller. Politiques inclus...
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