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samedi 29 mars 2014

Municipales : l’autre enracinement- Petit Front de gauche peut devenir grand

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Municipales : l’autre enracinement

Petit Front de gauche peut devenir grand

Publié le 25 mars 2014 à 12:11 dans Politique
Mots-clés : 
         
  • L'AUTEUR

    Jérôme Leroy
    Jérôme Leroy est écrivain et rédacteur en chef culture de Causeur.
                       

                             front gauche municipales
Il va enfin y avoir des touristes à Hénin-Beaumont. Ils auront des caméras et une carte de presse, mais au moins, ça fera de l’animation. On peut parier que ça va durer pour les deux ou trois ans à venir. Les journalistes adorent ça, les belles histoires simples qui frappent l’imagination. À quoi ça peut ressembler, des prolos dans un coin vilain comme tout qui ont transformé une ville ouvrière historiquement à gauche en laboratoire du FN ? Ça va filmer sec du côté des friteries et des bistrots, et puis aussi du marché, l’endroit favori de rassemblement des pauvres d’après le guide du Routard des idées reçues.
Après tout, peu importe que l’enracinement du FN ait ici une bonne vingtaine d’années et qu’il se soit approfondi dans un microclimat particulier, celui d’un PS corrompu et d’une ville et d’un bassin d’emploi qui auront connu un vrai désespoir, celui de la fermeture des mines et un faux espoir, presque plus douloureux, celui d’une réindustrialisation ratée dans les années 90 qui débouchera sur un autre échec symbolisé, entre autres, par la fermeture violente de Metaleurop en 2003. On ne verra à Hénin-Beaumont que ce que l’on veut bien voir depuis Paris. Avec les grilles de lectures prédigérées qui iront de l’antifascisme de bac à sable aux sempiternels mantras de « la gauche sans le peuple », du PS qui a trahi la classe ouvrière et du PCF qui est aux abonnés absents. Peu importe aussi que le vote FN d’Hénin-Beaumont et du bassin minier n’ait rien de commun, ni par son électorat, ni parce ce qu’il demande avec celui du Sud composés par des pieds-noirs qui vont en arriver à la troisième génération de rancœur identitaire ou par des retraités aisés qui veulent de la sécurité, encore de la sécurité, toujours de la sécurité.
Non, nous serine-t-on à longueur de reportages et de colonnes, le seul fait majeur de ces élections municipales, c’est la poussée sans précédent du FN. On a déjà oublié sa difficulté à présenter des listes (et leur petit nombre in fine),  on a déjà oublié la présence de centenaires, d’alzheimériens ou même de personnes décédées sur celles que le parti de Marine Le Pen est parvenue péniblement à boucler, on a enfin oublié que le FN a déjà eu une expérience municipale, expérience pas franchement heureuse d’ailleurs, en 1995 où toutes les mairies ont été perdues dès le mandat suivant sauf celle d’Orange.
On le voit, c’est tout de même beaucoup plus facile quand l’ensemble du système médiatique se transforme, plus ou moins volontairement, en attachée de presse faussement effrayée et vraiment complaisante. On en arriverait presque à penser que l’on se trouve en présence de chiens de garde cathodiques rendant service à leurs maîtres en faisant croire qu’il n’y a plus d’alternative électorale, désormais, qu’entre des partis libéraux et sociaux-libéraux d’un côté et le FN de l’autre…
La suite ici --->municipales-front-gauche-fn

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