PACTE DE RESPONSABILITÉ - Un président au gouvernail, un premier ministre à la manoeuvre. Chacun dans leur rôle, François Hollande et Manuel Valls ont tous deux pris la parole ce lundi 28 avril pour sensibiliser les préfets mais également la majorité socialiste aux enjeux du pacte de responsabilité qui doit franchir une première étape cruciale ce mardi à l'Assemblée.
Alors que Manuel Valls s'est battu une partie de la journée pour vaincre la défiance de certains parlementaires, François Hollande est lui monté au créneau pour rappeler la lettre et l'esprit de ce qu'il a défini comme sa "stratégie" gouvernementale jusqu'à "la fin du quinquennat".
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"L'enjeu c'est de créer les conditions d'une croissance durable dans notre pays. Quel est son objectif? L'emploi", a résumé le chef de l'Etat devant les acteurs territoriaux de l'Etat réunis à la Maison de la Chimie, à Paris. Définissant les priorités et le calendrier, François Hollande a multiplié les explications pour convaincre autant l'opinion que les entreprises de la pertinence du cap engagé.
Aux entreprises, celui-ci a promis que le crédit d'impôt compétitivité leur serait versé "le 15 mai au plus tard", mesure-phare censée relancer la création d'emploi. Aux Français, François Hollande a une nouvelle fois promis une lutte acharnée contre le chômage, annonçant au passage de nouvelles mesures pour faciliter le retour à l'emploi.
Des aménagements seront ainsi apportés au contrat de génération pour faciliter l'embauche des seniors et des chômeurs de longue durée. Et le statut d'apprenti sera étendu à toutes les classes d'âge. Et c'est encore au nom de l'emploi et de l'indépendance énergétique du pays que François Hollande a justifié son intervention dans le dossier Alstom.
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Manuel Valls écarte tout "cadeau" fait aux entreprises
Si François Hollande a ainsi tenté de prendre de la hauteur, son chef du gouvernement a lui plongé les mains dans le cambouis pour tenter de calmer la fronde des députés socialistes à vingt-quatre heures d'un vote crucial sur le programme de stabilité.
Lors de son discours prononcé devant les préfets, mais qui s'adressait aussi indirectement aux députés rebelles qui menacent de ne pas voter le le plan d'économies du gouvernement, Manuel Valls a de nouveau défendu le pacte de responsabilité, qualifié de "nécessaire et indispensable". "Pas pour faire je ne sais quel cadeau aux employeurs. Mais parce que nous avons besoin que nos entreprises retrouvent des marges et de la croissance d'activité, gagnent à nouveau des parts de marché", a plaidé le premier ministre.
"Je vais être très clair : les marges dégagées par les entreprises doivent servir à l'investissement et à l'emploi, elles n'ont évidemment pas vocation à être consacrées aux dividendes versées aux actionnaires ou à la rémunération des dirigeants", a prévenu Manuel Valls dans son discours. Une réponse aux craintes de l'aile gauche du PS, qui s'oppose au "cadeau" accordé aux entreprises.
Peu de temps avant, Manuel Valls avait écrit une lettre aux députés de la majorité, dans laquelle il détaillait les concessions accordées aux parlementaires qui contestent les 50 milliards d'euros d'économies du pacte de responsabilité.
Parmi celles-ci: 6,5 millions de petites retraites de moins de 1.200 euros par mois ne seront pas concernées par le gel des pensions, et le "plan pauvreté", qui prévoit notamment une hausse du revenu de solidarité active (RSA), s'appliquera bien comme prévu en septembre 2014, au lieu d'être repoussé un an plus tard.