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vendredi 28 novembre 2014

Lettre ouverte de la Libre Pensée de l’Eure à M. François Loncle.

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Lettre ouverte de la Libre Pensée de l’Eure
à M. François Loncle.

vendredi 28 novembre 2014
par  federation nationale 



La Fédération nationale de la Libre Pensée rend publique la réponse de sa Fédération de l’Eure à un député du PS qui s’est offusqué du fait que la Libre Pensée ait rappelé le reniement de François Hollande quant à son engagement de Président du Conseil général de la Corrèze sur la question de la réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple de 1914-1918.
Ce député François Loncle accuse la Libre Pensée de faire un discours politicien pour avoir rappelé ce fait incontestable : François Hollande s’est renié. Nous reconnaissons volontiers à monsieur François Loncle qu’il sait de quoi il parle quand il évoque des méthodes politiciennes, lui qui est passé, il y a des années, du Parti Radical de Gauche au Parti socialiste, sans doute parce que la place était meilleure.
Quant à l’offense faite par la Libre Pensée, elle rappelle fortement l’annonce faite à Marie. Monsieur Loncle se croit sans doute revenu dans les temps de l’Ancien-Régime où toute critique du souverain était considérée comme une offense. Monsieur le député Loncle va-t-il déposer une proposition de loi rétablissant le délit de blasphème en France, comme cela se fait en Alsace-Moselle où son nouveau Parti défend à cors et à cris le Concordat bonapartiste et l’article 167 du Code pénal allemand qui réprime le délit de blasphème ?
La Libre Pensée de l’Eure a aussi rappelé le discours censuré d’une lycéenne qui parlait des Fusillés pour l’exemple lors de l’inauguration de l’Anneau de la mémoire à Notre-Dame-de-Lorette. Incontestablement, nous avons à faire à de véritables démocrates.
Avec Voltaire, nous ne cesserons de dire : "Écrasons l’Infâme !"
Monsieur le Député,
J’ai lu votre communiqué concernant notre participation à la cérémonie du 11 novembre à Gaillon.
En parlant d’ « intrusion », du caractère « grossier et mensonger » du texte de la Libre Pensée de l’Eure (Il n’y a pas de « Libre Pensée Gaillonnaise »), vous méprisez le combat mené depuis près d’un siècle par la Ligue des Droits de l’Homme et la Libre Pensée pour la réhabilitation des 639 fusillés pour l’exemple durant cette boucherie horrible que fut la Guerre de 14-18. A Gaillon en 2014, mais également et sans difficultés, lors de précédentes cérémonies, notamment à Breteuil, où habitait un de ces fusillés, le caporal Floch.
Est-ce « grossier » de dénoncer la guerre, cette Grande Guerre qui a vu le massacre de millions de morts et de mutilés, qui a fait des millions de veuves et d’orphelins (dont ma mère, comme tant d’autres), et qui a ruiné l’Europe et semé les graines d’un second conflit mondial ?
Est-ce «  grossier » de souligner que, dès la 1ère année, sont tombés plus d’un demi-million de soldats français victimes de la stratégie d’offensive à outrance (à la glorieuse baïonnette…) de Foch, enthousiasmé par ce qu’il nommait « l’effusion sanglante » , puis des « percées » effroyables de l’Artois et de Champagne à propos desquelles Joffre osait cette litote : « je les grignote » ! !
Est-ce mentir que de dénoncer ces conseils de guerre spéciaux, parodie de justice et exécutions sommaires qui ont fait payer cher aux soldats l’incapacité et l’inhumanité de leurs chefs ?
Est-ce « grossier » d’évoquer l’horreur, l’apocalypse, la peur, le refus de mourir, de tuer … de rappeler qu’à ces millions de morts, on a ajouté l’assassinat de 639 soldats (au moins) fusillés pour l’exemple, dont René Dubois (21 ans) et Emile Fromont (19 ans).
Vous n’ignorez pas le destin de ces malheureux et l’injustice, la cruauté de leur condamnation, dénoncées depuis Barbusse et Dorgelès jusqu’aux travaux d’historiens qui, de plus en plus nombreuses, leur sont consacrés.
Les noms de René Dubois et Emile Fromont sont inscrits sur le monument aux morts de Gaillon, victimes aux côtés de leurs frères, comme eux victimes de ceux qui se sont nourris de la guerre. Et ce ne serait pas un noble combat que d’obtenir que la République leur rende justice à tous ?
Oui, à tous ! Ce sont les statistiques officielles : 639. Ni droits communs, ni espionnage parmi eux. Seulement des hommes pris entre les obus, les mitrailleuses et le peloton d’exécution. Au fond, vous le savez bien, la révision cas par cas est impossible 100 ans plus tard : archives ? Témoins ? Contexte judiciaire ? Depuis 1921, seuls moins de 50 ont été réhabilités. A ce rythme, les autres le seront d’ici… 1300 ans !
Oui, la Libre Pensée exige la réhabilitation collective de ces fusillés pour l’exemple.
La Grande-Bretagne l’a fait en 2006. Avez-vous lu la lettre récente du 1er secrétaire de la Fédération du Tarn du Parti Socialiste qui la demande lui aussi ? Ce combat s’amplifie chaque jour : de nombreuses municipalités, trois Conseils régionaux, trente Conseils généraux, dont ceux de l’Eure …et de la Corrèze, ont émis ce vœu. Et Lionel Jospin à Craonne, avait fait un pas dans cette direction, mais bloqué par Jacques Chirac.
Est-ce « mensonger » de souligner que François Hollande, président du Conseil général de la Corrèze, l’a voté ; mais que François Hollande, président de la République, loin d’avoir « tracé la voie », a refusé de réhabiliter les fusillés ?
D’ailleurs, vous l’avez sans doute appris, à ND de Lorette lors de l’inauguration de l’Anneau de la mémoire, la lycéenne a vu son texte censuré (qu’elle a cependant rendu public) car elle évoquait les fusillés pour l’exemple et a été contrainte de lire un insipide texte écrit …par d’autres !
Il y a donc des vérités qu’il faudrait cacher !
A Gaillon, ce 11 novembre, il n’y eut aucune intrusion de notre part. Non, la Libre Pensée et la Ligue des Droits de l’Homme n’ont pas perturbé la cérémonie. Nous avions transmis notre texte dès la veille à M. Le Dilavrec. Nous avons écouté respectueusement son discours, ainsi que sa lecture du communiqué de M. Kader Arif, le (précédent…) secrétaire d’Etat aux Anciens combattants. Mais à la fin de la cérémonie, il nous a refusé la parole. Mais, devant la moitié de l’assistance restée nous écouter, notre discours fut prononcé…et applaudi.
Vous évoquez l’unité nationale… ? Unité, souvenir envers ceux que l’on a obligé à tuer et à être massacrés.
Mais pas autour de Joffre, Foch et consorts qui ont donné leur nom à tant de rues …depuis leur luxueux quartier général ?... autour de Nivelle et sa folle offensive au chemin des Dames ?... autour de Pétain et sa répression des mutineries de 1917 ?
Aujourd’hui, encore la guerre …et surtout lorsque les problèmes sociaux sont si graves.
J’ai passé 16 ans de mon enfance à entendre chaque jour des échos des guerres coloniales : Indochine, puis l’Algérie, enfin l’Afrique. Vous connaissez bien l’Afrique, et vous avez bien connu la Françafrique…Depuis les « indépendances », vous savez que l’armée française est déjà intervenue plus de 40 fois en Afrique... et toujours au nom de la « paix » !
Notre ennemi, n’était-ce pas… la finance ?
Monsieur le Député socialiste, il n’est ni grossier, ni mensonger de dénoncer le militarisme et la guerre, c’est, tout simplement, poursuivre aujourd’hui le combat de Jaurès.
C’est être fidèle à ces mots inscrits sur le célèbre monument aux morts de Gentioux : « Maudite soit la guerre ! »
25 novembre 2014
Michel Joly
Président de la Fédération de l’Eure de la Libre Pensée.

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article de presse sur le communiqué du (...)
article de presse sur le communiqué du (...)

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