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dimanche 31 mai 2015

CULTURE et LOISIRS : Le Douanier Rousseau ou le Primitivisme moderne

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Le Douanier Rousseau ou le Primitivisme moderne

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« Nous sommes les deux plus grands
peintres de notre temps,
toi dans le genre égyptien,
moi dans le genre moderne.»

(Rousseau à Picasso)
Henri Rousseau, surnommé « le Douanier Rousseau » par son « pays » Alfred Jarry (ils sont nés à Laval) n’était pas douanier, mais fonctionnaire de l’octroi (commis de 2e classe). Autodidacte, il voulait être reconnu par les peintres officiels, Gérôme, Bouguereau, Cabanel, et rivaliser avec eux. Mais c’est par l’avant-garde qu’il a été célébré.
Il a voulu faire une peinture décorative, sans perspective, sans ombre, sans volume, sans modelé, une peinture frontale et bidimensionnelle, minutieuse, avec un grand foisonnement de détails, et tout cela ordonné « comme des miniatures persanes » (Guillaume Apollinaire).
Dans son autoportrait Moi-même (1890), il exhibe ingénument ses Palmes académiques, une décoration qu’il n’a pas, et il se peint plus grand que la Tour Eiffel : mépris des proportions.
Avec La Guerre (1894), évocation de celle de 1870, il peint son Guernica. Dans un impossible galop volant, la chevelure de la déesse de la guerre et la crinière de son cheval sont ébouriffées comme la barbe de Polyphème. Au milieu des cadavres, les arbres eux-mêmes sont en train de mourir.
La Bohémienne endormie (1897), tableau plein d’humour et de fraîcheur, montre un lion qui s’approche de la femme, la queue droite et dressée en l’air, comme dans un dessin d’enfant.
La charmeuse de serpent
Dans La Charmeuse de serpents (1907), le peintre ignore le colonialisme et les clichés racistes : il célèbre la Bonne Sauvageonne, une femme noire (la femme blanche, c’est la guerre), qui vit dans la jungle. Car il est le peintre des jungles, inspirées des serres du Jardin des Plantes :
« Y a des soleils de feu cachés dans les roseaux
Comme dans les tableaux du Douanier Rousseau »
Rousseau peint avec une totale liberté un monde qui le console de sa vie misérable. Grand coloriste et fervent républicain, il surplombe de drapeaux Les Représentants des puissances étrangères venant saluer la République (1907).
Pour représenter Le Poète et sa Muse (1909), il a pris les mesures d’Apollinaire et de Marie Laurencin avec un mètre de couturière.
Le Rêve (1910) est l’une de ses visions oniriques qui ont fait de lui un ancêtre du surréalisme. Une femme, au milieu de la jungle, est allongée sur un canapé Louis-Philippe. Deux lions étonnés s’approchent lentement : peinture fantasque et douce sauvagerie, bien que l’auteur se soit dit terrifié par les fauves qu’il peignait.
Son art, sorti des profondeurs du peuple, est plein d’une grande bonhomie populaire. Il est mort dans la misère, et sa dépouille a été jetée à la fosse commune :
« Gentil Rousseau nous te saluons
Laisse passer nos bagages à la porte du ciel »
(G. Apollinaire : Inscription pour le tombeau du Douanier Rousseau).
 Si vous visitez Venise cet été, ne manquez pas « Henri Rousseau, il candore arcaïco », exposition au Palais des Doges Venise, jusqu’au 5 juillet.

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