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vendredi 19 juin 2015

La Grèce "inapte à la survie" en cas de sortie de la zone euro selon le sociologue Michael Kelpanides

Le Huffington Post

La Grèce "inapte à la survie" en cas de sortie de la zone euro selon le sociologue Michael Kelpanides

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GREECE EURO

INTERNATIONAL - François Hollande a appelé ce vendredi à "tout faire" pour parvenir à un "compromis" sur la dette grecque d'ici au sommet extraordinaire de la zone euro qui aura lieu lundi à Bruxelles. "La Grèce est dans la zone euro, elle doit pouvoir y rester, à elle aussi de prendre les décisions qui maintenant sont attendues", a ajouté le Président. De son côté, le Premier ministre slovaque Robert Fico, qui venait de s'entretenir avec son homologue britannique David Cameron, a déclaré que son pays était "préparé mentalement et techniquement à un éventuelle sortie de la Grèce de l'euro". "Nous voulons que la Grèce reste dans la zone euro, mais pas à tout prix", "nous insisterons fortement pour que la Grèce remplisse ses devoirs", a-t-il dit.
Une réunion des ministres des Finances de la zone euro consacrée à la crise grecque s'est terminée jeudi sans accord ni décision et un sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement de la zone euro a donc été convoqué d'urgence pour lundi soir. La Grèce doit rembourser quelque 1,5 milliard d'euros au Fonds monétaire international le 30 juin. Or, les caisses de l'Etat grec sont vides, ce qui rend impératif le versement des 7,2 milliards d'euros promis par ses créanciers et en suspens depuis l'été dernier. La Grèce et ses bailleurs de fonds sont d'accord sur l'ampleur de l'effort à faire du côté d'Athènes dans les années qui viennent mais se disputent sur les moyens d'y parvenir.
Le sociologue Michael Kelpanides enseigne à l’Université Aristote de Thessalonique. En 2011, il avait déclaré à la Frankfurter Allgemeine Zeitung que la Grèce devait sortir de l’euro, pour le bien de tous. Mais, au vu de la catastrophe sociale que connaît son pays, il voit aujourd’hui un potentiel "Grexit" d'un oeil radicalement nouveau.
Joint par téléphone par le Huffington Post allemand, il qualifie l’union monétaire d’"usine à gaz défectueuse" et les membres du gouvernement d’Athènes de "communistes surgis de l’époque des goulags" mais qualifie néanmoins de "suicidaire" une sortie de la zone euro.
Huffington Post : M. Kelpanides, dans quelques jours, Athènes risque d’être exclue de la zone euro. Votre attitude à l’égard du "Grexit" est-elle toujours aussi positive qu’en 2011?
Michael Kelpanides : Non. Ce serait un crime politique. Dans les circonstances actuelles, la Grèce ne peut pas survivre sans l’euro.
HuffPost : Quels sont, selon vous, les problèmes les plus fondamentaux?
M. K. : Le plus gros problème a été l’adhésion de la Grèce à l’union monétaire. Quand l’euro a été adopté, Athènes a soudain pu emprunter à bas prix sur les marchés mais s’est révélée incapable de rembourser ce qu’elle devait, comme c’est encore le cas aujourd’hui. L’euro a incité la Grèce au surendettement, qui représente actuellement la somme astronomique de 180 % du PIB. Notre adhésion a été le début de la fin.
HuffPost : L’euro est-il donc à la base de tous les maux ? Il présente tout de même l’avantage d’avoir énormément facilité le commerce entre les États de l’Union européenne…
M. K. : Ça ne change rien au fait que l’union monétaire est une usine à gaz défectueuse, une erreur désastreuse de l’Union européenne. La zone euro n’est pas un espace monétaire idéal, ce dont peuvent attester les économistes. Le niveau de développement socio-économique des États membres est très différent. Vous avez d’un côté des Etats comme l’Allemagne ou les pays scandinaves, leaders de l’économie mondiale, et de l’autre des pays européens en voie de développement comme l’Espagne, le Portugal ou la Grèce. Ces disparités Nord-Sud montrent que l’union monétaire ne peut pas fonctionner.
HuffPost : L’idée européenne serait donc une aberration ?
M. K. : Pas forcément. Mais je pense qu’il n’y a vraiment jamais eu de solidarité forte entre les États membres. Ce que prouve aussi le scepticisme croissant envers l’euro, au sein même de l’Union européenne.
HuffPost : Qu’adviendra-t-il de la Grèce si le pire des scénarios se concrétise ce mois-ci, c’est-à-dire la sortie de l’euro ?
M. K. : En dehors de l’union monétaire, la Grèce n’aura plus aucun repère. Dans le gouvernement actuel dominent des communistes surgis de l’époque des goulags, qui n’ont ni projet clair ni compétences. En même temps, il y a évidemment des « vedettes académiques », qui passent très bien dans les médias mais qui n’ont que peu de poids dans les prises de décisions politiques. Je suis stupéfait de la patience dont font preuve l’Union européenne et le FMI dans les négociations actuelles.
HuffPost : N’est-ce pas un peu simpliste de tenir aujourd’hui Syriza et M. Tsipras responsables de tous les maux du pays ? Après tout, avant Syriza, la situation de la Grèce n’était déjà pas faramineuse…
M. K. : C’est vrai. Vous savez, le problème ne se résume pas au gouvernement actuel. En fin de compte, Pasok (parti socialiste) et Nouvelle Démocratie (parti conservateur) sont responsables de la montagne de dettes accumulée depuis 1981. Le problème principal est que la Grèce ne dispose d’aucune autre ressource économique que le tourisme.
HuffPost : En 2011 vous aviez accordé une interview à la Frankfurter Allgemeine Zeitung dans laquelle vous affirmiez que la Grèce devait sortir de la zone euro. Pourquoi ce changement d’opinion ?
M. K. : Mon point de vue reste le même. Sur le long terme, la Grèce doit voler de ses propres ailes, économiquement parlant, et ne pas dépendre de la perfusion européenne. Pour cela, il faut qu’elle ait sa propre monnaie, qu’elle puisse dévaloriser pour rester compétitive sur le marché mondial. En tant que membre de la zone euro, subventionné en permanence, la Grèce ne deviendra jamais concurrentielle. Mais une exclusion de l’euro, sous l’égide du gouvernement actuel, serait une catastrophe. L’amélioration de la situation sur le marché de travail dépend également à long terme d’un retour à la compétitivité.
HuffPost : Vous faites allusion au taux de chômage, très élevé chez les jeunes …
M. K. : Absolument. Les jeunes Grecs sont les plus touchés par la crise. Elle contrarie la réalisation de leurs projets de vie. Et, ce qui est bien pire, elle contribue à leur faire quitter le pays. Ils vont en Allemagne, en Australie ou aux États Unis. Cet exode des cerveaux est dramatique pour la Grèce.
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