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lundi 29 février 2016

Un article contre-feu pour tenter de briser le mouvement en gestation dans la jeunesse ?

 Un article contre-feu pour tenter de briser  le mouvement en gestation dans la jeunesse ?


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Derrière le mouvement étudiant contre la loi El-Khomri, un Baron noir ?


A l'appel de l'UNEF, les étudiants et lycéens sont appelés à se mobiliser le 9 mars contre la loi El-Khomri. Question: ce mouvement de jeunesse qui se lance peut-il être manipulé, par qui, et pourquoi?

                               Wiliam Martinet est devenu président de l’UNEF en 2014. (c) Twitter

Baron noir, saison 2, épisode sur le mouvement étudiant contre le gouvernement, et pour de vrai, c’est demain. Connaissez-vous William Martinet ? Non. Pas encore. Et bien sachez que William Martinet promet d’être la vedette du mouvement lycéen et étudiant qui tente de se lancer depuis quelques jours contre la loi El-Khomri et Manuel Valls. Le président de la puissante UNEF, et certains de ses camarades de lutte, ont déjà eu droit aux honneurs de BFMTV et RMC. Une invitation chez Jean-Jacques Bourdin , un reportage ici, ces deux médias prescripteurs ont très vite repéré les signaux faibles qui annoncent qu’il peut se passer quelque chose dans la jeunesse, à condition de suivre les bons capteurs.
Le lancement du mouvement parait déjà trouvé la bonne orbite. Une journée de manifestations est d’ores et déjà prévue le 9 mars prochain, à l’initiative de l’UNEF, et ce sans attendre le 31 mars prochain, date évoquée par tous les syndicats opposés au projet de loi El-Khomri. Il semble que l’UNEF et ses alliés, sous la houlette de son président, William Martinet, soit décidée à prendre le gouvernement de vitesse en instaurant un rapport de force le plus tôt possible. La viralité des réseaux sociaux est ainsi mise à contribution. Le mot d’ordre et hashtag "On vaut mieux que ça" (#OnVautMieuxQueCa) se répand à la vitesse du tweet, soit plus vite que la lumière elle-même.

La gauche étudiante contre un pouvoir de gauche, inédit depuis 1990

Pour le gouvernement, la perspective est des plus sombres. La jeunesse dans la rue, défiant un pouvoir supposé être son meilleur défenseur, alors que l’état d’urgence est encore en vigueur, c’est le pire des scénarios possibles. Du reste, William Martinet et ses alliés ne s’y trompent pas, qui brandissent le spectre d’un mouvement de masse semblable à ce que fut le mouvement contre le CPE de Dominique Villepin en 2006. Se réclamer du CPE et son cortège d’humiliations pour Jacques Chirac, obligé de demander qu’une loi votée ne soit pas appliquée par ceux qui avaient charge de le faire (une grande première en République), c’est comme hisser le drapeau écarlate avant une bataille navale pour indiquer qu’elle sera sans merci, ni reddition, ni prisonniers.
Sauf que pour la première fois depuis 1990, un tel mouvement ne serait pas dirigé contre un gouvernement de droite par des organisations lycéennes et étudiantes proches du Parti socialiste, mais contre un pouvoir de gauche. En clair, derrière l’affrontement jeunesse vs gouvernement qui se profile, il est possible (si ce n’est probable, voire certain) que se dissimule un affrontement socialistes vs socialistes. Comme si, à travers la création et la manipulation d’un mouvement de jeunesse, l’affrontement entre gauche du réel et gauche de l’idéal était appelé à se prolonger dans la rue, à travers la mobilisation encadrée de la jeunesse.
Oui, pour comprendre le scénario qui peut se jouer dans les jours et les semaines qui viennent, il faut commencer par voir et revoir l’épisode quatre de la série Baron noir. On y voit le héros instrumentaliser un mouvement étudiant à son profit, dans le but de déstabiliser un président et un Premier ministre socialiste et les contraindre à reculer sous la pression de la jeunesse et de la rue. Les plus avertis des choses de l’histoire du PS sont persuadés que les scénaristes de l’épisode se sont inspirés de l’histoire du mouvement étudiant de 1990, quand des lycéens formés à l’école Julien Dray avaient contraint le gouvernement Rocard à reculer sur un projet de loi porté par Lionel Jospin. La réalité, révélée par la fiction, s’apprêterait-elle à se répéter ?
Ironie de l’époque, à l’heure où Baron noir dévoile les us et coutumes de la gauche qui combat la gauche, voici que se profile, avec le mouvement étudiant que l’UNEF et d’autres tentent de lancer, un cas pratique in vivo.Désormais, c’est bel et bien la réalité qui rattrape la fiction.

Un Baron Noir, derrière Martinet ?

On se réfère ici à la série de Canal Plus parce qu’elle est emblématique des mutations actuelles dans le rapport à la politique : le temps du décryptage total, donc de la transparence absolue, est venu. Jusqu’à France 2 qui, dans le cadre d’un journal télévisé, met en scène des acteurs censés reproduire le "off" de la politique inaccessible aux caméras. Nous entrons dans l’ère du grand dévoilement où tout ce qui est politique sera questionné, dévoilé, exposé, montré, décodé, décrypté. Et le mouvement étudiant qui s’annonce n’y échappera pas.
Question au hasard, parmi tant d’autres qui devraient être posées dans les jours qui viennent : un Baron noir se cache-t-il derrière William Martinet, actuel président de l’UNEF ?
En 2014, quand William Martinet est devenu président de l’UNEF, les Inrocks avaient consacré une passionnante enquête aux circonstances de son accession à ce poste clé, où sont passés des jeunes gens devenus d’authentiques notables du Parti socialiste, le dernier en date étant Bruno Julliard, aujourd’hui premier-adjoint à la mairie de Paris, et proche de Benoit Hamon. De l’enquête des Inrocks, il ressortait que William Martinet avait été installé à la présidence de l’UNEF suite à un dissensus survenu entre leaders socialistes de la gauche du PS parce que proche de Pouria Amirshahi, maître d'oeuvre de son sacre, par ailleurs député de la neuvième circonscription des Français établis hors de France et… ancien président de l’UNEF quand elle était encore UNEF-ID, mais déjà proche du PS.
En installant Martinet à la tête de l’UNEF, Pouria Amirshahi avait "la volonté d’infiltrer les organisations jeunesse pour qu’elles restent sous l’égide de son courant" décryptait pour les Inrocks un membre de l’UNEF, face à ce que le journal lui-même qualifiait de "Putsch". Or, Pouria Amirshahi est l’un des députés les plus farouchement opposés à la politique du gouvernement, sur une ligne de contestation qui n’est pas sans ressembler à celle que prône William Martinet.
Par exemple, le député de la neuvième circonscription des Français établis hors de France a voté contre l’état d’urgence et William Martinet, sur sapage Facebook partage un post où l’on annonce sa présence dans un rassemblement contre l’état d’urgence le 10 mars prochain, de même queson compte Twitter se fait également écho de son hostilité à l’état d’urgence. Entre lui et Amirshahi, de fait, la corrélation politique demeure, suffisamment pour que tôt ou tard, confronté à William Martinet, un journaliste soit contraint de poser la question des relations du président de l’UNEF avec le PS, la gauche du PS, ses amitiés, ses réseaux et sur la possibilité qu’il soit le masque d’un Baron noir, tapis dans l’ombre, déterminé à nuire au gouvernement.
Il fut un temps où ces questions n’auraient jamais été posées. Désormais, et c’est en cela que l’on s’interroge, elles le sont et le seront. Qui est avec qui ? Qui est contre qui ? Et donc, pour en revenir à notre focus du jour :  un Baron noir se cache-t-il derrière le mouvement étudiant qui monte ?

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