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lundi 30 mai 2016

Philippe Martinez, le Lider Maximo de la contestation sociale

Décidément le Monde s'applique à caricaturer l'action de la CGT ..il font fort après la page MEDEF avec Gattaz voilà la page CGT avec Martinez !
Moi j'approuve la position de Philippe Martinez pour la CGT et de Jean-Claude Mailly pour FO exigeant le retrait de cette funsete loi travail !
BV



Philippe Martinez, le Lider Maximo de 

la contestation sociale

LE MONDE |  • Mis à jour le  | Par 

En quelques semaines, ses bacchantes sont devenues presque aussi célèbres que celles d’Astérix. Lider Maximo de la contestation sociale, dernier défenseur d’une lutte des classes à laquelle il croit dur comme fer, Philippe Martinez s’est trouvé propulsé sur l’avant-scène médiatique par son combat jusqu’au-boutiste contre la réforme El Khomri. Avant d’engager cette guerre d’usure, c’était un inconnu qui pouvait déambuler incognito avec ses deux gardes du corps. Mais c’était avant…
Depuis trois mois, le secrétaire général de la CGT est de toutes les manifs pour le retrait du projet de loi travail, bras dessus bras dessous avec Jean-Claude Mailly, son ex-frère ennemi de FO. Il est omniprésent sur les chaînes de télévision et les radios. Quand, le 21 mai, il va saluer ses camarades qui bloquent un dépôt pétrolier à Haulchin (Nord) et se fait photographier en train de jeter un pneu dans le brasier du piquet de grève, il est assailli par des militants qui veulent faire des selfies avec lui.
A la tête de la CGT depuis février 2015, Philippe Martinez, 55 ans, incarne la résistance à un pouvoir « dit de gauche » qui a trahi ses électeurs en voulant « casser le code du travail ». Nicolas Sarkozy et François Hollande, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. S’il a hésité sur le champ de bataille, songeant d’abord à porter le fer sur l’emploi et le pouvoir d’achat, voire sur sa revendication fétiche de la semaine de 32 heures, il a vite opté pour la lutte contre la « loi travail » qui lui a permis d’aborder son congrès confédéral, du 18 au 22 avril à Marseille, dans une posture combative.
Fini le temps où le premier ministre Manuel Valls pouvait tweeter, après un entretien avec lui, le 7 mars : « Des désaccords avec P. Martinez (CGT) mais aussi des points où nos échanges peuvent permettre d’avancer. » Le premier ministre a attendu samedi 28 mai pour appeler le responsable syndical – jusque-là, leurs seuls contacts passaient par Aurélien Rousseau, le « M. Social » de Matignon. Le choc est frontal. Philippe Martinez se battra jusqu’au bout pour le retrait de la loi honnie, sans faire la moindre concession. « Il s’est fabriqué une image de dur, de chefaillon en voulant l’imposer à la CGT, observe une dirigeante du syndicat sous couvert d’anonymat – comme tous ceux qui s’expriment à son sujet –, en oubliant qu’une organisation ce n’est pas un homme mais un collectif. »
Tout en avouant qu’« il n’est pas facile de faire grève parce qu’on risque de perdre sa place », et en récusant la grève générale qui « ne veut rien dire », il s’est lancé dans une escalade qui fera une victime à l’arrivée. Le perdant – Manuel Valls ou lui-même – jouera sa survie. Le patron de la CGT refuse de mettre la pétition contre la « loi travail » sur le site du syndicat mais il va visiter Nuit debout, à Paris, qui n’est pourtant pas sa tasse de thé. Il galvanise ses troupes, les appelant à chaque étape à « durcir le mouvement ». Conscient que les manifestations à coups de journées « saute-mouton » ne feront pas plier le gouvernement, Philippe Martinez joue la carte des grèves reconductibles, même s’« il ne suffit pas d’appuyer sur le bouton ». Il assume ainsi le risque de ne plus avoir de prise sur des syndicats qui, dans le pétrole, la chimie, chez les dockers, les routiers ou même les cheminots, sont jaloux de leur autonomie.

« Il n’est pas mélenchoniste mais il est très à gauche »

Face à un gouvernement qui a, selon lui, « choisi de bomber le torse, de gonfler les muscles », le syndicaliste fait de même. Et il s’aventure sur le terrain politique, se posant, compte tenu de ce qu’il appelle « la balkanisation des progressistes », en chef de l’opposition de gauche. Le 26 mai, il pointe les « cafouillages » du gouvernement qui montrent que « le président n’a plus la majorité » – tout en demandant à être reçu par François Hollande.
Philippe Martinez est le premier secrétaire général de la CGT depuis 1947 à ne pas être membre du Parti communiste. En fait, il a été encarté au PCF jusqu’en 2002, année où, alors délégué syndical central du groupe Renault, il a rendu sa carte pour protester contre la décision de Robert Hue de supprimer les sections d’entreprise du parti. « Il est dans le fond de l’âme communiste, souligne un dirigeant, mais le fait de ne pas être encarté lui donne plus de liberté pour se situer à la gauche du PCF. » « Je ne sais pas où le situer politiquement, note un autre responsable. Il n’est pas mélenchoniste mais il est très à gauche. Et il a pris comme directrice de cabinet Elsa Conseil, qui a été candidate du Nouveau Parti anticapitaliste » aux élections européennes.
Le bras de fer sur la loi El Khomri a permis à Philippe Martinez de conforter sa légitimité au lendemain d’un congrès difficile à Marseille. S’il a été réélu, le 22 avril, à l’unanimité du comité confédéral national – le « parlement » de la CGT qui réunit les 33 fédérations et les 96 unions départementales –, à son poste de secrétaire général pour trois ans, il a essuyé bien des revers. Sur les votes des principaux documents qui fixent les orientations de la centrale jusqu’en 2019, il a obtenu les plus mauvais scores à un congrès de la CGT depuis la Libération. Dépourvu de talent oratoire, il n’a pas eu droit à la traditionnelle standing ovation des 980 délégués à la fin de son discours d’ouverture, le 18 avril. Ses petites plaisanteries  – « 51 à Marseille, il fallait oser ! », a-t-il lancé en rapprochant le 51econgrès et le Pastis 51 – n’ont pas fait mouche.
Après avoir ouvert les vannes de la radicalisation, en prônant déjà des grèves reconductibles et en attaquant le « syndicalisme rassemblé » cher à ses prédécesseurs Bernard Thibault et Louis Viannet, et par ricochet la CFDT, il s’est tu pendant les débats, laissant son extrême gauche réclamer la grève générale reconductible et vilipender les trahisons de l’ex-alliée cédétiste. Pire encore, la menace qui plane sur la CGT – celle de voir la CFDT la détrôner de sa place de premier syndicat lors de la prochaine mesure de représentativité en mars 2017 – a été totalement occultée.

Un sévère camouflet

Philippe Martinez est le premier fils d’immigrés, espagnols en l’occurrence, à la tête de la CGT. Sa mère était femme de ménage et son père a combattu comme volontaire dans les Brigades internationales. Il naît le 1er avril 1961 à Suresnes (Hauts-de-Seine) et fréquente l’école Robespierre et le collège Les Bons Raisins, à Rueil-Malmaison. Il en hérite cet accent parigot dont il joue avec délice, l’air bourru et économe en sourires. En 1982, il est embauché comme technicien chez Renault à Billancourt, avant d’être muté au centre de recherche sur les moteurs à Rueil-Malmaison.
Délégué du personnel CGT dès 1986, il exerce les fonctions de délégué syndical central du groupe Renault de 1997 à 2004. Il s’engage dans les luttes, notamment contre la fermeture du site de Vilvorde en Belgique, et évite de se compromettre avec ses patrons, ne répondant jamais aux vœux annuels du directeur des relations sociales et refusant d’aller visiter avec « les tauliers » les sites de Nissan au Japon. Mais il fait partie de l’équipe de football de la firme, avec le dossard numéro 10. « Le seul point commun entre Martinez et Valls, s’amuse un proche, c’est leur amour du foot et du Barça [le club de Barcelone]. » Il reste fier de son entreprise et figure toujours dans ses effectifs, au point que le président de la fédération CFTC de la métallurgie, Joseph Crespo, l’a interpellé pour savoir « si on lui retire ses jours de grève »
Elu secrétaire général de la fédération de la métallurgie CGT en mars 2008, il s’oppose à Bernard Thibault au comité confédéral de mai 2012 (où ce dernier sera mis en minorité sur sa succession), votant contre la désignation de la « dauphine » Nadine Prigent. En mars 2013, au congrès de Toulouse, il entre à la commission exécutive confédérale tandis que Thierry Lepaon est élu secrétaire général de la CGT. Commence ensuite une longue histoire qui va conduire Philippe Martinez à la tête de la centrale par effraction. Quand éclate l’affaire Lepaon, mis en cause pour les travaux entrepris dans son logement de fonctions et dans son bureau, il négocie un accord lors d’une réunion secrète le 3 décembre 2014. Sa fédération l’a mandaté pour demander la démission de Thierry Lepaon mais ce dernier obtient son soutien en échange d’une promesse de lui succéder en 2016. Philippe Martinez marche dans la combine avant de le lâcher.
Le 13 janvier 2015, lors du comité confédéral qui suit la démission de Thierry Lepaon, Philippe Martinez subit un camouflet. Avec 57,5 % des voix, il ne franchit pas le seuil des deux tiers des votants requis pour être secrétaire général mais il est désigné pour piloter un collectif chargé de préparer une session de rattrapage. Une faveur qu’il obtient grâce à une manœuvre qui conduit l’union départementale du Nord et la fédération de la santé, dont la secrétaire générale, Nathalie Gamiochipi, est sa compagne, à voter pour lui alors qu’elles étaient mandatées pour voter contre.
Qu’importe ! Le lendemain, il convoque la presse comme s’il était bien élu. Il s’installe dans le bureau de Thierry Lepaon au huitième étage du siège de Montreuil et se rend – sans cravate comme à son habitude –, aux vœux pour les partenaires sociaux à l’Elysée. Il devra toutefois attendre le 3 février pour être enfin promu avec 93,4 % des suffrages. Seule la fédération de la construction, dont l’ancien patron, Eric Aubin, avait postulé pour succéder à Bernard Thibault, vote contre. Le 27 mars, la fédération de la santé évince purement et simplement Nathalie Gamiochipi.

Une ligne d’opposition radicale

Peu à peu, Philippe Martinez, surnommé dans la CGT « Tapioca », comme le général de Tintin, ou « Zapata » comme le révolutionnaire mexicain, impose sa marque. Il part en guerre contre la « sur-institutionnalisation » des syndicats, reprochant au patronat de vouloir en faire « un syndicalisme délégataire » ou une « caste d’experts ». Il prône « une démarche permanente de consultation des salariés », présente la CGT comme un syndicat « qui conteste, propose, agit, négocie ». Dans une interview au Monde du 22 septembre 2015, il proclame que « le syndicalisme, par essence, est réformiste ». Mais il incarne vite une ligne d’opposition radicale au gouvernement.
Vent debout contre la proclamation de l’état d’urgence après les attentats terroristes du 13 novembre 2015, il se flatte d’avoir « un discours à contre-courant », une preuve de « modernité ». « Il est raide, difficile à cerner, imprévisible », note un dirigeant. « Il est colérique, ajoute un autre, même s’il peut être drôle dans l’intimité. » « Il est sûr de lui et assez fin manœuvrier, souligne Pierre Ferracci, expert du social et président du groupe Alpha, cabinet conseil dans les relations humaines et les conditions de travail. Il a réussi à souder la maison en peu de temps malgré les 30 % qui trouvent qu’il ne va pas assez loin. »
L’interrogation demeure sur son orientation après l’épisode El Khomri. Infléchira-t-il cette ligne radicale ou s’inscrira-t-il dans les pas de ses prédécesseurs ? Mystère. A un militant qui lui faisait remarquer, le 26 mai, qu’il faudrait songer à atterrir, Philippe Martinez a répliqué : « Moi, je suis comme les avions, je ne fais que monter. » Mais il arrive un moment où les avions finissent par atterrir.

En savoir plus sur : http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/05/30/philippe-martinez-entre-tapioca-et-zapata...


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