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lundi 31 octobre 2016

Les mots qui fâchent par Philippe Torreton - Housses of cars

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Housses of cars




VENDREDI, 28 OCTOBRE, 2016
L'HUMANITÉ

                      

Photo : AFP
Les mots qui fâchent par Philippe Torreton. "Il y a des paroles et des images qui nous envahissent de honte, c’est dans mon pays que ça se passe et dans mon pays que ça se dit."
Ils quittent la « jungle » de Calais, je regarde ça sur BFM, on nous montre des visages souvent impatients de laisser derrière eux cet enfer fait de froid, de palettes, de tôles, de pluie et de bâches en plastique, où régnaient la promiscuité, la loi du plus fort, du plus organisé, du plus débrouillard, du plus riche parmi les plus pauvres. Ils prennent place dans d’interminables files d’attente très tôt le matin, ils se poussent, se pressent, filtrés par des policiers en armure, on leur pose des bracelets de couleur en fonction de leur futur point de chute puis ils passent dans un sas et dès que le quota de 50 est rempli ils grimpent dans un car. Les caméras de BFM nous expliquent tout ça, elles suivent un garçon heureux de partir, il va dans les Pays de la Loire, ça lui va, il a été à Nantes par le passé, il dit qu’il y connaît quelques personnes, ça le rassure, les fonctionnaires ont le sourire, leur tâche est positive, on nous les montre rassurants et pédagogiques. Les caméras suivent le garçon dans le car, il prend place au fond, dernières questions, et puis je ne l’écoute plus. Un détail dans le cadre de la caméra m’envahit l’esprit et je ne vois plus que cela, un truc derrière ce garçon, mais aussi derrière ses compagnons de voyage, la même chose à côté et sous eux, je regarde mieux l’écran, oui c’est bien du plastique, les sièges du car sont tous recouverts de bâches transparentes en plastique.
La compagnie de transport tenait à protéger ses sièges contre les salissures de ces migrants, pour que les sièges restent propres lorsque le car transportera des Français de souche aux ancêtres propres.
Pour cette compagnie, un migrant est sans doute sale par définition, le cul plein de merde, les cheveux pleins de poux et le corps rempli de bacilles. Pourtant, les caméras nous montraient des gens bien habillés de vêtements propres, ils étaient toilettés pour partir ailleurs.
Cela me rappelle cette imbécile de mère de famille qui devant une autre caméra d’une chaîne d’info osait nous dire que ces migrants posent un problème d’hygiène pour ses chers petits. La France, pays des Lumières devenu pays des rombières qui protègent leurs canapés en velours et napperons brodés d’une housse lorsque les petits-enfants arrivent mais laissent leurs clébards s’étaler dessus sans protection en regardant Michel Drucker le dimanche soir une fois les gosses repartis.
Il y a des paroles et des images qui nous envahissent de honte, c’est dans mon pays que ça se passe et dans mon pays que ça se dit et il s’y trouve de plus en plus de politiques pour relayer cette bave et justifier ces actes indignes et dégradants.

Philippe Torreton


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