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jeudi 29 décembre 2016

HISTOIRE et MEMOIRE - La Galerie de l'Histoire -PAUL TOUVIER

HISTOIRE et MEMOIRE

....à l'heure ou l' extrème droite se présente lissée et mielleuse en nous promettant une France appaisée il est bon que les jeunes générations connaissent ce que furent dans un passé pas si lointain leurs sinitres accendants .... BV

[La Galerie de l'Histoire] PAUL TOUVIER

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Christian LE Moulec
27 décembre, 21:23
 
PAUL TOUVIER 
Saison 1 
Meurtres et rapines ! 
En sa qualité de collaborateur notoire de l’occupant et de chef milicien, ce sulfureux personnage ne peut pas vraiment s’inscrire sur une page glorieuse de notre Histoire. 
Paul Touvier est né en avril 1915 à Saint-Vincent-sur-Jabron (Alpes-de-Haute-Provence). Aîné de onze enfants, il est issu d’une famille très catholique-nationaliste. Son père, François Touvier, fut militaire pendant dix-huit ans puis percepteur. A 16 ans, Paul quitte l’Institution Saint-François-de-Sales de Chambéry pour un emploi d’expéditionnaire à la PLM (Compagnie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée) à Ambérieu. Au seuil de la Seconde Guerre, il vit à Chambéry et est veuf. 
Incorporé dans l’infanterie, il est retrouvé errant dans la nature suite au bombardement de Château-Thierry. D’aucuns pensent qu’il a pris tout simplement la poudre d’escampette. Bref, il revient à Chambéry. La ville est alors occupée par les Italiens. Il adhère à la Légion française des combattants où il devient responsable de quartier, en octobre 1940. Puis fut instauré le Service d’ordre légionnaire. Ce SOL prônait le culte du chef, le rejet de la démocratie, l’antisémitisme et la collaboration avec l’occupant. Son serment « Je jure de lutter contre la démocratie, la lèpre juive et la dissidence gaulliste» est pain béni pour un Touvier. Et, cerise sur le gâteau, en janvier 1943, le régime de Vichy crée la Milice, organisme supplétif de la Gestapo. Pour le coup, notre homme est aux anges. Le futur tortionnaire y voit de suite une possibilité de rapide ascension sociale en harmonie avec son idéologie d’extrême- droite. 
En mars 1943, on l’envoie en stage à l’Ecole des cadres d’Uriage. Ses qualités de policier sont remarquées et hop le voilà en charge du deuxième service de la Milice en Savoie. Il grimpe avec célérité les échelons de l’honorable corporation. Il est muté à Lyon et décroche, en 1944, son bâton de maréchal en devenant chef régional du deuxième service de la Milice du cru. Sa fonction : persécution des Juifs et chasse aux Résistants. De fait, comme tous ceux de son espèce, il passe l’essentiel de son temps à infiltrer la Résistance, interroger et torturer les prisonniers, diriger les rafles, faire déporter dans les camps nazis et piller les biens des personnes arrêtées. 
Parmi les exploits de ce sinistre individu, devenu le « chef Touvier », figure l’arrestation d’Hélène et Victor Basch, âgé de 80 ans. Ce dernier est cofondateur de la Ligue des droits de l’homme. Touvier assiste à leur arrestation. Les époux Basch sont assassinés à Neyron, le 10 janvier 1944 ; Victor par Lécussan, chef régional de la Milice, et Hélène par un certain Gonnet. Sur le corps de Victor Basch, les miliciens ont accroché un écriteau où est écrit «Terreur contre terreur. Le juif paie toujours. Ce juif paye de sa vie l'assassinat d'un National. A bas De Gaulle-Giraud. Vive la France. » et c’est signé « Comité National Anti-Terroriste, région lyonnaise ». 
Aux fins de venger l’exécution de Philippe Henriot, Touvier fait fusiller à Rilleux-la-Pape, le 29 juin 1944, sept Juifs. C’est lui-même qui les a choisis sur une liste de détenus. Touvier écopera d’une condamnation pour complicité de crimes contre l’humanité. 
Touvier fréquente à l’époque l’abbé intégriste Vautherin, autoproclamé aumônier de la Milice lyonnaise. Un drôle de paroissien qui exerce son ministère tant auprès des tortionnaires que des…torturés. Touvier, pour sauver sa peau, le dénoncera plus tard comme ayant facilité sa fuite… 
Août 1944, c’est l’heure de rendre des comptes. Pourtant, Touvier renonce à suivre les Allemands dans leur fuite et demeure au siège de la Milice à Lyon, impasse Catelin. Il entend profiter, quand les choses seront un peu calmées, de sa fortune bien mal acquise. Pour l’aider à s’acheter une conduite et peut-être un brevet de Résistant, Vautherin lui conseille de libérer de temps à autre quelques prisonniers. Ce qu’il fit pendant les mois de juillet et août… 
A suivre… 
Ci-dessous : 
Le château d’Uriage abrita l'École des cadres de la jeunesse à partir du début de 1941. Ambigu établissement. 
Les 21 points du SOL. 
Le symbole de la Milice, le signe du Gamma fait explicitement référence à la croix gammée. 
Paul Touvier. 
Place Hélène et Victor Basch, à Paris. 
Monument commémoratif et ses sept stèles, chacune représentant une des victimes du 29 juin 1944. 
Miliciens procédant à des arrestations de résistants.
  

Christian LE Moulec
29 décembre, 09:40
 
PAUL TOUVIER 
Saison 2 
D’hallucinantes cavales ! 

Juste avant la libération de Lyon, Touvier a renoncé à prendre place dans les fourgons de l’armée allemande en retraite. Sans doute a-t-il cru qu’avec le temps, il pourrait s’en tirer comme ça. Mais trop de crimes, de tortures, de déportations et de spoliations ! Humant le roussi, le collabo juge plus prudent de se cacher. 
Son premier refuge lui est fourni par son ami ecclésiastique Stéphane Vautherin. Puis, une partie du trésor de la Milice lyonnaise en poche, il trouve asile à Montpellier avec sa famille. Entretemps, il prend le nom de son beau-frère, Albert Gaillard. Il se promène à Ceignac puis à Boutencourt. Là, des membres de sa famille sont arrêtés. Mais lui passe à travers les mailles, car il répond désormais au nom de Claude Trichet. 
Mais le voilà qui tombe sous le coup de deux condamnations à mort par contumace ; l’une prononcée par la cour de justice de Lyon en septembre 1946 et l’autre par celle de Chambéry en mars 1947 ! 
A Paris, notre homme reprend des activités de gangster (dont vol à main armée). Il se fait prendre en juillet 1947, dénonce tout le monde, y compris Vautherin, et tranquillement « s’évade ». Ce qui peut laisser à penser que c’est là la récompense de ses bavardages…Ainsi débute la seconde cavale. 
Il toque à la porte d’églises parisiennes, se remarie en douce, en août 1947, dans une chapelle de la rue Monsieur-le-Prince. Dans les années 1950, il revient à Chambéry, dans la maison familiale des Charmettes. Il trouve aide et assistance auprès des prélats du cru, qui, dès qu’un danger menace, le promènent lui et sa famille un peu partout : couvent des dominicains d’Eveux, chartreuse de Portes, abbaye Saint-Pierre de Solesmes (Sarthe), abbaye d’Hautecombe en Savoie. Ah oui, mais là, le père abbé du lieu proteste, nie l’accueille et « réprouve énergiquement les actes dont Paul Touvier est accusé et les idéologies qui les ont suscités ». Il ne nous reste plus qu’à croire l’abbé puisque l’Eglise ne saurait mentir. Bien… 
Et voilà l’incroyable rencontre avec Jacques Brel, au milieu des années 1960. Touvier se fait appeler Paul Berthet, dit qu’il est certes fugitif mais pour de menues fredaines commises pendant l’occupation. Sensible à sa qualité de fugitif, Brel le croit et l’accueille. Il produit même avec Touvier, chez Philips, un disque d’éducation sexuelle pour les jeunes, en avril 1967. Le disque est très bien reçu par la presse. Cinq ans plus tard, Brel apprendra à quel énergumène il avait accordé sa confiance. 
Mais voici venue l’heure, pour Touvier, de la prescription de ses condamnations à mort. Cependant, il y a un hic. Le droit français veut qu’il reste sous le coup d’une interdiction de séjour dans la région de Lyon et de la confiscation de tous ses biens, et ceci pour la vie. Voilà qui est fâcheux ! 
A partir de là, Touvier va s’évertuer à obtenir sa grâce auprès du président de la République. Comme toujours, il va s’appuyer sur ses relations ecclésiastiques, et comme toujours ça va marcher. Un trio d’enfer, Charles Duquaire (ancien secrétaire du diocèse de Lyon), le père Blaise Arminjon et dom André Poisson (supérieur de la Grande Chartreuse) se met en place pour intercéder auprès du président Georges Pompidou. Le 23 novembre 1971, la grâce présidentielle est accordée au chef milicien de Lyon. 
« Douze balles dans la peau ! » aurait dit De Gaulle en 1963 alors qu’on évoquait devant lui le nom de Touvier. Les temps ont changé. Pompidou évoque une période où les Français ne s’aimaient pas et dont il faut tourner la page etc. Mais peut-on parler de réconciliation en passant la justice par pertes et profits ? Vaste débat… 
A suivre… 
Ci-dessous : 
La chartreuse de Portes. 
L’abbaye Saint-Pierre de Solesmes. 
L’abbaye d'Hautecombe. 
Georges Pompidou gracie Touvier. 



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