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mardi 30 mai 2017

Poutine au pays des Lumières

Lu dans le DL mardi 30 mai 2017


LE BILLET PAR ANTOINE CHANDELLIER 


Poutine au pays des Lumières

 Bien sûr, Vladimir Poutine ne s’est pas éternisé dans la patrie de Voltaire et Saint-Simon comme Pierre Le Grand jadis.
 Certes, la rencontre n’a point été ponctuée d’un baiser à la russe. Comme souvent, l’exactitude n’étant pas la politesse de ce Tsar-là, il est arrivé en retard à bord de sa berline blindée.
 Sans surprise, ce rendez-vous versaillais n’a pas réglé le conflit en Ukraine.
 N’empêche, en recevant ce visiteur avec les honneurs dans le château du Roi Soleil, le « pragmatique » Emmanuel Macron a engagé un pas plus grand qu’il n’y paraît, justifiant cette rencontre au nom d’une « histoire qui les dépasse ». 
L’effet de style en dit long sur sa mue rapide.
 L’ex-candidat est aujourd’hui un chef d’État qui joue sur la scène internationale, converti à la realpolitik.
 Cet art de fermer les yeux sur des sujets qui fâchent pour surmonter ceux que l’on aura identifié tout en haut des intérêts supérieurs.
 Et que pèsent, au regard des trois siècles d’entente franco-russe, l’accueil au Kremlin de Marine Le Pen et les piratages de son mouvement, attribués à des hackers russes ? 
S’écartant des communiqués dans le langage fleuri de la diplomatie où le moindre différend est dissous dans une insipide langue de bois, le jeune président, viril mais correct, a fait passer quelques messages à celui qui, autrefois, avait menacé Nicolas Sarkozy de le « briser » (sic) pour moins que ça.
 Droits de l’homme, ligne rouge en Syrie, minorités…
 Bien sûr, Macron jouait à domicile.
 Mais ce dialogue « franc et direct » est peut-être un signe que Poutine le terrible a perdu de sa superbe, isolé sur la scène internationale, enfin prêt écouter - à défaut d’entendre - certaines vérités.
 Et si la France sait que l’avenir ne se décidera pas sans la Russie, cette dernière, en manque de partenaire fiable, avait besoin de retrouver un peu de rayonnement au pays des Lumières. 

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