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samedi 30 septembre 2017

L’alerte du Mont-Blanc

Lu dans Le DL du 30.09.2017

LE BILLET PARANTOINE CHANDELLIER

 L’alerte du Mont-Blanc 

C’est à la fois un paradoxe et une évidence que cette histoire de pollution qui rend malade la vallée de l’Arve. 
Comment, au pays où l’on a longtemps prétendu que l’air était plus pur, incitant le touriste à venir respirer, l’atmosphère est apparue aussi viciée qu’en agglomération ? 
Le paradoxe tient de l’anachronisme quand on voit une usine de carbone positionnée là il y a un siècle, un incinérateur qui absorbe des déchets venus d’ailleurs et un tunnel conçu dans les trente glorieuses attirant les camions internationaux en altitude. 
Dans les glaces à 4000m, on a trouvé des traces d’hydrocarbure.
 Il a fallu du temps pour retourner la carte postale. 
Signe de l’urgence, trois ministres dont Hulot étaient hier sous le mont Blanc qui fait grise mine.
 L’évidence saute aux yeux quand on prend de la hauteur ces jours anticycloniques d’hiver. 
Ces nappes douteuses qui enveloppent nos vallées ne datent pas d’hier.
 Sauf qu’aujourd’hui les indicateurs sont là pour dire le poison lent qu’elles diffusent.
 Et qu’on ne peut pas vivre dans ces montagnes froides où l’encaissement retient le polluant comme en ces mégalopoles qui grignotent l’espace. 
Or, de Genève aux hauts de Chamonix, l’Arve est devenue un ruban urbain entrecoupé de rares coulées vertes.
 On a construit, on vit, on travaille, on se chauffe, on rejette, on prend sa voiture et on héberge dans cet espace vulnérable où la démographie et ses pics saisonniers –plus de 100 000 logements- pèsent de leur empreinte carbone. 
Si le relief souffre deux fois plus du réchauffement climatique que les plaines, l’expérience vécue en haut doit faire réfléchir en bas, partout dans le monde, sur une équation simple : 7 milliards d’humains consommeront bientôt deux fois ce que la Terre produit en une année. 
Qu’en sera-t-il en 2100 à 11 milliards ?
 Le salut ne viendra que de la modération. 
Ou du malthusianisme.

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