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mercredi 28 février 2018

A Bruxelles, polémique autour d'un parachutage


28 février 2018

A Bruxelles, polémique autour d'un parachutage

La désignation soudaine de Martin Selmayr comme nouveau secrétaire général de la Commission est contestée

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Les polémiques s'enchaînent à la Commission européenne. La semaine dernière, l'institution était contrainte de reconnaître que son ancien président de 2004 à 2014, José Manuel Barroso, parti faire du conseil chez Goldman Sachs, avait approché l'un de ses vice-présidents, le commissaire finlandais Jyrki Katainen, pour une mission de lobbying. Pourtant, lorsque son recrutement avait défrayé la chronique, le Portugais s'était engagé à ne plus contacter la Commission.
Au cours des derniers jours, c'est la promotion éclair de Martin -Selmayr, le directeur de cabinet de Jean-Claude Juncker, au poste-clé de secrétaire général de la Commission – le vrai chef de cette administration forte de plus de 30 000  fonctionnaires –, qui agite la " bulle " bruxelloise. Cette nomination a été annoncée de manière très inhabituelle, mercredi 21  février au matin, par le pré-sident de la Commission lui-même, après que le collège des commissaires avait été mis devant le fait accompli, quelques minutes plus tôt.
Mal vu à Berlin et à ParisL'Allemand de 47  ans a-t-il brûlé les étapes pour accéder à cette charge, que seuls six fonctionnaires avant lui ont occupée depuis les débuts de l'institution, et alors que seuls des directeurs généraux et/ou directeurs généraux adjoints peuvent prétendre au poste ? M.  Selmayr a été nommé secrétaire général adjoint le 21  février. Quelques instants plus tard, le Néerlandais Alexander Italianer, l'actuel titulaire du poste, confirmait son départ à la retraite, et l'Allemand obtenait sa place.
Assailli de questions par les médias bruxellois, à la suite d'un article du journalLibération évoquant pour la première fois cette procédure expresse, l'Autrichien Alexander Winterstein, porte-parole de la Commission, a assuré, lundi 26  février, que " tout - s'était - fait en accord avec l'esprit et la lettre des règles ". Sans toutefois -convaincre complètement. Sven Giegold, influent eurodéputé vert allemand, a ainsi réclamé, lundi, une " enquête parlementaire " sur cette nomination ultrarapide. La personnalité de M.  Selmayr n'est pas non plus étrangère aux critiques. Ce brillant juriste de formation n'a rejoint la Commission européenne qu'en  2004, d'abord comme porte-parole de la commissaire luxembourgeoise Viviane Reding, puis comme son chef de cabinet. Surnommé " le Monstre " par M.  Juncker, en référence à son impressionnante capacité de travail et à sa réputation de fonctionnaire sans états d'âme, il a pris l'habitude de parler d'égal à égal avec certains chefs d'Etat. Aussi mal vu à Berlin qu'à Paris, il pourrait, en sa qualité de nouveau secrétaire général, imposer encore davantage ses vues.
Sa nationalité alimente aussi la polémique. Avec sa nomination, qui deviendra effective au 1er  mars, les Allemands renforcent un peu plus leur domination à Bruxelles. La diplomate Helga Schmid est secrétaire générale du service européen d'action -extérieure, et Klaus Welle remplit la même fonction au Parlement européen. Au Conseil de l'Union européenne, c'est un Danois, -discret mais efficace, Jeppe Tranholm-Mikkelsen, qui occupe cette charge. Aucun Français n'occupe l'un de ces postes essentiels du pouvoir communautaire.
Cécile Ducourtieux
© Le Monde

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