Lu dans le DL du 18.05.2018
LE BILLET
PAR GILLES DEBERNARDI
À l’Assemblée aussi,
se coucher tard nuit
Interdit sur le tapis rouge cannois, le selfie reste toléré au PalaisBourbon.
Clémentine Autain en use et abuse. Elle se mitraille avec ses
camarades de la France insoumise, avant de poster les clichés sur
internet. Histoire de montrer aux électeurs insomniaques - il est plus
de 23 h - que la gauche se démène toujours. Mais le débat s’éternise,
la présentation des amendements traîne en longueur. François de
Rugy, le président de l’Assemblée, le fait sèchement remarquer à
l’élue photographe. Laquelle sort aussitôt de ses gonds : « Arrêtez vos
leçons de morale, on n’est pas à l’école ». Ah bon ? L’ensemble
rappelle pourtant l’ambiance d’une classe de maternelle.
On n’a pas idée, aussi, de travailler après Soir 3 et de voter les lois à
l’heure où se lève le boulanger ! C’est la faute du gouvernement,
boulimique de réformes, qui impose un calendrier législatif démentiel.
Du coup, les séances nocturnes se multiplient dans l’hémicycle et
mettent les nerfs à rude épreuve. Ceux de Marlène Schiappa, par
exemple. Elle supporte mal qu’un député LR, trouvant son projet
judiciaire trop permissif, lui reproche « une conception libertaire des
rapports sexuels ». Il faut beaucoup d’imagination, ou de mauvaise foi,
pour entendre ici une grave injure. La Secrétaire d’État à l’Égalité entre
les hommes et les femmes s’offusque néanmoins, et dénonce dans un
cri strident : « une misogynie crasse ». Au cœur des ténèbres, la raison
vacille. Avant que le coq ne chante, à ce rythme, combien d’autres
parlementaires et ministres iront « péter les plombs » ? Allez, il est
temps d’aller dormir, on y verra plus clair demain. Raymond Devos
avait raison : se coucher tard nuit.
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