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mercredi 16 mai 2018

La CGT manifestera avec la France insoumise le 26 mai, et c'est déjà un événement en soi


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POLITIQUE
16/05/2018 20:34 CEST | Actualisé il y a 25 minutes

La CGT manifestera avec la France insoumise le 26 mai, et c'est déjà un événement en soi

Au nom de "l'urgence sociale", la centrale de Philippe Martinez rompt avec un tabou existentiel du syndicalisme français.





POLITIQUE - La victoire est symbolique pour la France insoumise, la concession importante pour la CGT. Rompant avec sa tradition d'indépendance, le syndicat dirigé par Philippe Martinez a confirmé ce mercredi qu'il marcherait le samedi 26 mai, jour de "marée populaire", aux côtés de plusieurs organisations syndicales, associatives et politiques, y compris La France insoumise, alors qu'il s'y était toujours refusé jusqu'ici.
"Il s'agit de rassembler la jeunesse, les retraités, les salariés en emploi et hors de l'emploi, les précaires ainsi que toutes celles et ceux qui, solidaires des luttes en cours, ne sont pas encore engagés dans l'action", explique le syndicat dans son communiqué qui s'appuie sur les résultats d'une consultation interne, qui a donné le feu vert à la participation: 78 organisations CGT ont voté pour, six se sont abstenues et six ont voté contre, selon une source interne.
Jusqu'alors, des drapeaux de la CGT avaient toujours été présents dans les manifestations de la France insoumise. Et Jean-Luc Mélenchon a systématiquement appuyé, par sa présence ou son soutien, les cortèges syndicaux. Mais malgré les appels du pied du député des Bouches-du-Rhône, la direction du syndicat refusait par principe de pousser ses adhérents à suivre des mots d'ordre politique.
Malaise palpable à la direction
En automne, Philippe Martinez avait ainsi refusé de battre le pavé à une manifestation organisée par Jean-Luc Mélenchon. "Quand on est un mouvement politique, les objectifs sont différents de quand on est un syndicat", avait-il alors argumenté, se montrant déjà méfiant devant toute récupération.
Compte tenu des enjeux actuels, la CGT, qui n'a pas coutume non plus de défiler les samedis (contrairement à Jean-Luc Mélenchon, qui veut attirer un public familial), s'est donc décidé à changer de pied au nom "de l'urgence sociale", et sous la pression de sa base. Mais celle qui a coupé tout lien avec le PCF dans les années 1990 prend soin de préciser qu'elle reste "fidèle à ses principes d'indépendance".
Et le malaise demeure palpable pour un syndicat qui subit une érosion de ses adhérents tout en peinant de plus en plus à mobiliser ses adhérents dans la rue. "La participation de la CGT le 26 "est liée au succès de la 'Fête à Macron'. On a besoin d'élargir la mobilisation", estime un dirigeant cité par l'AFP, évoquant les résultats mitigés des manifestations organisées le 19 avril ou le 1er mai. Un désaveu pour Philippe Martinez qui avait ostensiblement boudé le 5 mai en lui privilégiant le traditionnel 1er mai. "Multiplier les dates génère de la division et n'est pas efficace", avait alors tranché le dirigeant syndical.
"Cela peut paraître un peu surprenant, mais la participation peut s'expliquer par le fait que cette fois, le mouvement a été co-construit, avec plusieurs acteurs. Il ne s'agit pas d'un appel lancé par un parti politique seul", relativise un autre dirigeant.
Mélenchon joue la prudence
Ce changement de pied ne règle pas tout. "Il n'a qu'une crainte: qu'il y ait une photo de famille avec lui et Mélenchon le 26 mai!", assure un haut dirigeant.
De son côté, le chef de file de la France insoumise ne boude pas son plaisir. L'ancien candidat à la présidentielle en est persuadé: pour faire converger les luttes sociales contre Emmanuel Macron et réussir là où la lutte contre les ordonnances travail ont échoué, il faut absolument marcher avec la CGT.
Pour apaiser les craintes d'un partenaire aussi sensible que stratégique, Jean-Luc Mélenchon a redoublé de prudence ces derniers jours, évitant autant que possible de mettre en avant son mouvement dans l'organisation de la manifestation du 26 mai. Car Histoire d'être vraiment certain qu'il ne croisera pas Philippe Martinez ne se croiseront pas, "Méluche" a d'ores et déjà promis qu'il défilera à Marseille.
Le député des Bouches-du-Rhône, très lié avec la CGT dans la Cité phocéenne où on lui prête des intentions électorales aux municipales, a pris soin de préciser sur Twitter que "la marée du 26 mai est un appel collectif de la CGT, de Solidaires, d'associations et d'organisations politiques. Réduire le collectif à la France insoumise est malintentionné".
Autre signe que tout a été organisé pour favoriser la convergence des luttes sans empiéter sur l'autonomie des uns et des autres, la conférence de presse de présentation de la manifestation se tiendra ce jeudi dans les locaux de la CGT, à Montreuil. Mais ce sont Attac et la Fondation Copernic qui ont été "mandatés" pour dévoiler le dispositif. Et il n'est même pas sûr que Philippe Martinez soit présent.
Lors du défilé du 26 mai, qui a déjà fait l'objet de plusieurs réunions préparatoires depuis avril, il est d'ores et déjà prévu qu'aucune personnalité politique ne marche en tête. Et les organisations syndicales et politiques marcheront séparément.
La CFDT et FO désapprouvent
Pour ses partenaires de luttes, qui sont aussi ses rivaux, la transgression de la CGT n'a rien d'une évidence ni d'un exemple. La CFDT et FO ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils ne seront pas de la partie.
"Je ne ferai pas ce chemin en arrière de l'indépendance du syndicalisme qui a été fait depuis 20-30 ans. C'est mortifère pour le syndicalisme", a expliqué Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. A Force ouvrière, qui vient de changer de tête, la position est la même. "C'est une manifestation d'ordre politique, nous n'avons pas à nous en mêler et nous ne nous en mêlerons pas", a relevé début mai Pascal Pavageau, qui a en commun avec Philippe Martinez de n'appartenir à aucun parti politique.
Parmi les participants au mouvement du 26 mai, organisé par Attac, figurent des associations comme les Effronté.es, la Fondation Copernic, le Syndicat de la magistrature, mais aussi Solidaires, l'Unef, Droit au logement, le PCF et La France Insoumise.
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